Privilégions les vrais fruits de saison!
Au mois de mai, la fraise signe le retour des fruits de saison. Finies les pommes et les poires qui auront péniblement atteint le mois d’avril grâce à une conservation en chambre froide et bienvenue aux « fruits rouges » qui représenteront en Belgique, en dehors du melon sous serre et de la prune, les seuls fruits locaux de saison pour les mois à venir. Je vous propose donc un petit tour d’horizon de cette belle diversité qu’on retrouve aussi bien dans les étals de nos marchands, qu’en auto-cueillette ou en cueillette sauvage, avec les précautions qui s’imposent. Pour finir, je vous parlerai d’un producteur de fraises bio, j’ai nommé « la Ferme au Moulin », pas forcément plus cher que les fraises bio de grande surface, mais la comparaison ne s’arrête pas là, nous le verrons.
La plupart des fruits rouges communs (fraise, cassis, cerise, groseille, mûre, framboise, myrtille) présentent dans les grandes lignes des bénéfices santé assez similaires tout en proposant certaines spécificités que je vous invite à explorer de voter côté. Ils sont tous en général pauvres en calories et en sucre (exception faite de la cerise), riches en vitamine C, en fibres et en polyphénols aux vertus antioxydantes et anti-inflammatoires. On leurs prête des propriétés dans la sphère cardiovasculaire et un rôle de prévention et de contrôle du diabète grâce à leurs flavonoïdes qui limitent la résistance à l’insuline. On retrouve également de l’acide ellagique dans bon nombre d’entre eux, un anti-oxydant reconnu dans la prévention de certains cancers. Notez que ces bénéfices seront d’autant plus importants que vos fruits sont de saison, à maturité et n’ayant pas subi de traitement de conservation pour préserver leur apparence « de la fourche à la fourchette ».

Une autre manière de consommer des fruits rouges, c’est via la cueillette sauvage. Dès le mois de juin il sera possible de récolter les premières framboises et fraises des bois, qui seront suivies par les mûres, les ronces, les myrtilles ou encore les baies de sureau plus tard dans la saison. En pleine nature, des précautions s’imposent pour l’identification des baies car certaines sont toxiques (ne pas confondre les fraises des bois avec les fraises des indes par exemple) voire mortelles comme les arilles de l’if (noyau) et d’autres doivent obligatoirement être cuites pour être consommées sous peine d’être émétiques (les baies de sureau). Ramasser des baies identifiées à ras du sol n’est pas sans danger non plus car elles peuvent être contaminées par un parasite comme l’échinococcose véhiculé par les excréments des renards principalement. Laver vos baies ne sera alors pas 100% garanti sans risque, on recommande plutôt la cuisson (en faire des confitures est alors plus sûr) ou alors sélectionnez des fruits plus en hauteur. Enfin, évitez de choisir des fruits en bordure des champs de cultures conventionnelles qui auront été traités avec des pesticides (plus facile à dire qu’à savoir, on est bien d’accord). Vous pouvez également planter ces variétés dans votre jardin ou sur votre balcon, beaucoup de communes offrent gratuitement des plans lors de « la semaine de l’arbre » en novembre. Sinon, il existe de plus en plus de formules d’auto-cueillette qui sont l’occasion d’une expérience éducative familiale tout en permettant de récolter des fruits à un tarif plus accessible puisque vous réduisez ainsi le coût de main d’œuvre.

Mais tout n’est pas qu’une question de prix loin de là. Nous l’avons vu, consommer des fruits de saison à maturité est essentiel pour bénéficier de leurs bienfaits. Nous ignorons trop souvent les conditions dans lesquelles les fruits que nous achetons poussent et pourtant, en dehors des différences organoleptiques perceptibles, il s’agit également de faire des choix de consom’acteur protecteur de l’environnement et du tissu local. Selon 60 millions de consommateurs, en 2024, la fraise faisait partie des fruits les plus contaminés par les pesticides (même des pesticides interdits ont été retrouvés dans bon nombre de fraises !). Consommer juste « bio » n’est pas suffisant, il est important de comprendre, de faire la différence entre une fraise locale bio de saison et une fraise de grande surface bio. A « la Ferme du Moulin », la saison de récolte des fraises bio dure 2 mois après une avant saison qui consiste à préparer un sol bien nourri pour obtenir des plants résistants aux maladies et parasites. Le désherbage est important et réalisé de manière manuelle, pas de pesticides bien sûr mais des auxiliaires naturels pour lutter contre les ravageurs et des ruches à bourdons pour favoriser la pollinisation. La saison est courte mais les variétés soigneusement choisies pour obtenir le meilleur rapport productivité/qualité gustative. « Le fruit est plus fragile mais bien meilleur » nous confie Cédric Saccone « rien à voir avec les variétés ultra sélectionnées et croisées « long life » qu’on retrouve en grande surface, qui se conservent certes plus longtemps mais sont souvent insipides ». Par ailleurs, les fruits sont récoltés et conservés dans un grand hangar (on évite ainsi la perte de 50% des vitamines dans les chambres froides) et sont livrés dans la journée aux coopératives et magasins. « A la Ferme au Moulin, on choisit de miser sur une variété hâtive (les variétés tardives étant plus sensibles aux ravageurs et maladies) avec une saison plus courte mais en lien avec les cycles de culture puisque la main d’œuvre passe naturellement des fraises aux tomates en juillet » nous confie Cédric Saccone. N’oublions donc pas nos producteurs locaux et misons sur une fraise de qualité, délicieuse, bonne pour notre santé et celle de la planète et qui profite à nos producteurs contrairement à la plupart des fraises vendues au bord des routes qui viennent souvent du Maroc ou des criées. Et si vous trouvez la saison trop courte, rien ne vous empêche de la prolonger grâce à la congélation, la déshydratation ou la réalisation de délicieuses confitures.