Pourquoi faire des légumineuses un aliment du quotidien?
Souvent boudées faute de savoir comment les préparer, les légumineuses ont plus d’une raison d’être consommées : un intérêt indiscutable sur le plan environnemental et agronomique, des bénéfices santé documentés et un coût bien inférieur à celui de la viande. Elles devraient faire partie de notre quotidien au moins 2 à 3 fois par semaine, idéalement 30g/jour. Ce n’est pourtant pas le cas par manque d’inspiration, méconnaissance des enjeux ou tout simplement par habitude culturelle. Alors comment faire évoluer les modes et les mentalités ? Comment donner envie avec les légumineuses ?
Tout d’abord, énumérons les légumineuses ou légumes secs les plus courants : dans cette famille on retrouve les lentilles (corail, brunes, beluga, vertes, blondes), les haricots (blancs, rouges, noirs, azuki, flageolets, lingots, cocos), les pois-chiches, les lupins, le soja, les pois cassés. Toutes ne sont pas produites en Belgique et peuvent provenir de loin, restez attentifs. Pour les consommer, il faut en général les tremper la veille (pour les rendre digestes, éliminer leurs composants antinutritionnels comme les phytates ou les tanins) avant de les cuire dans l’eau frémissante. Mais contrairement aux légumes, pas besoin de les éplucher donc ça va assez vite. Côté santé, les légumineuses sont une source non négligeable de protéines végétales (associées aux céréales, elles permettent aux végétariens/végétaliens d’obtenir les 8 acides aminés essentiels), de fibres pour nourrir les bonnes bactéries de nos intestins, de potassium et de minéraux tels que le fer, le magnésium ou encore le calcium. Leur consommation est associée à une diminution du risque cardio-vasculaire et du cancer colo-rectal. Une consommation régulière joue sur le vieillissement cutané et la prévention du diabète de type 2.

En général, avec leur contenu intéressant en protéines, les légumineuses représentent LA véritable alternative à la viande et qui dit moins de viande produite de manière intensive, dit moins d’impact sur l’environnement (la viande produite de manière extensive étant en revanche très favorable pour l’environnement grâce au fumier indispensable apport qui enrichit les sols et à la valorisation du fourrage en nutrition animale). En outre, nous confie Eddy Montignies, agronome indépendant, « les légumineuses ont un rôle clé dans l’agriculture bio car elles sont les seules plantes qui captent l’azote de l’air pour le renvoyer dans le sol dans le cadre d’une rotation de cultures ». Elles réduisent ainsi le besoin d’engrais de synthèse (énergivore et polluant), améliorent la structure du sol, augmentent sa capacité à retenir l’eau et favorisent la biodiversité. Il n’est cependant pas toujours simple de faire pousser des légumineuses en Belgique car en fonction de ce qu’on essaye de faire pousser, un temps trop sec en début de saison ou trop froid ou trop humide pourra mettre en péril cette culture délicate par toujours facile à synchroniser aux cultures associées (céréales). « Il faut un bon timing et un peu de chance avec soi » nous confie Christian Schiepers, agriculteur bio wallon. « Cette année 2025 fut plutôt une belle année côté culture mais au-delà de ça, il n’est pas toujours simple non plus de trouver des débouchés pour les légumineuses en Belgique » ajoute-t-il, lui qui doit parfois rechercher des acheteurs à l’étranger pour écouler sa production.
En effet, il n’est pas simple de trouver des produits transformés à base de légumineuses « grown in Belgium ». En Wallonie, en dehors des lentilles en sachet, Graines de curieux propose des houmous et depuis peu des chips de lentilles. En Flandres, on retrouve la gamme « La vie est belle » vendue chez nous avec du soja belge mais uniquement chez Bioplanet. Tout le reste n’est pas de chez nous. « Ce sont des productions marginales pour l’instant » nous confie Matthias Blanckaert le directeur de La vie est belle. « Pour investir plus dans la légumineuse belge, il faut qu’il y ait du sens économiquement et agronomiquement et que le consommateur soit au RDV ». Sa remarque rejoint celle d’Eddy sur les hommes qui boudent facilement les produits à base de légumineuses quand on leur en propose en dégustation sur les salons, leurs préférant la viande et les patates, beaucoup plus couleur locale.

C’est aussi ce que je constate en cabinet, ce manque d’inspiration et d’envie. J’ai même tout un paragraphe dans mes programmes pour encourager à manger des légumineuses et comme je sais que les cuisiner ne suscite pas un grand enthousiasme, je propose souvent de les consommer à travers des produits transformés comme les flocons dans les mueslis, les pâtes à base de lentilles ou pois-chiches, les tartinades, les falafels, les cracottes du Pain des fleurs. Pourtant, il existe tellement de recettes délicieuses à base de légumineuses, d’inspiration indienne, italienne ou encore du Maghreb où elles font partie du quotidien de ces populations ! Ou encore des recettes qui « imitent » un plat gourmand comme un chili sin carne ou un veggie burger, qui vont surprendre vos papilles et vous permettre d’apprivoiser les légumineuses pour réaliser à votre tour des recettes simples et savoureuses à intégrer à votre quotidien ! C’est la tendance et nombreux sont les influenceurs(euses) à les proposer sur les réseaux sociaux. Alors pourquoi pas vous ? Produits transformés, recettes gourmandes ou imitations de nos plats préférés, il n’y a vraiment pas de raison de ne pas s’y mettre et ainsi soutenir une agriculture protectrice, prendre de bonnes habitudes pour notre santé tout en allégeant notre budget au quotidien.





