Quelle place pour la viande dans votre assiette?
Depuis leur apparition néolithique, les troupeaux domestiqués contribuent à l’équilibre des prairies et font partie de nos paysages. Avant la période d’abondance que nous traversons (mais pour combien de temps encore), la viande était réservée aux repas de fête. Mais aujourd’hui, nous en consommons trop. En 2020 , les belges consommaient 82kg/an/habitant (avec une préférence pour le porc), soit plus de 3 fois les quantités recommandées pour notre santé. Pourtant 41%* des belges disent chercher une alternative à la viande et 61% sont très attentifs à l’origine de la viande qu’ils mangent. Il y a donc une prise de conscience sur la nécessité d’évoluer vers un autre modèle pour notre santé et celle de la planète et aussi pour le respect du bien-être animal. Prise de conscience certes, mais qui s’arrête encore trop souvent à la déclaration d’intention et ne génère pas assez de changements d’habitudes. Cet article c’est donc l’occasion de prendre de bonnes résolutions : Nous allons parler repères santé et filières, bien-être animal, empreinte écologique et pratiques d’élevage, pour y voir plus clair et se sentir à l’aise dans son assiette.
Côté santé, les recommandations de l’OMS sont claires : maximum 500g de viande par semaine (dont maximum 300g de viande rouge et maximum 150g de charcuterie). La viande c’est certes des acides aminés essentiels, des vitamines et minéraux (fer, zinc, sélénium, potassium, vitamines du groupe B sauf B9), mais c’est aussi si consommée à l’excès et pas sous la bonne forme (attention aux cuissons à hautes températures et à la charcuterie riche en mauvaises graisses, nitrites et sel) une augmentation du risque de certains cancers et maladies cardio-vasculaires. Côté santé de la planète, la viande accapare 70% des terres agricoles qui pourraient être dédiées à autre chose et de grandes quantités de nourriture destinées au bétail (pour les filières intensives particulièrement). C’est aussi 45% de l’eau mondiale et la 2ème source de gaz à effet de serre. Évidemment, le poulet n’aura pas le même impact que le bœuf, dont l’empreinte par unité nutritive est 8 fois celle d’un œuf. Enfin côté bien-être animal, il y a suffisamment d’images choquantes en provenance des élevages intensifs pour nous dégouter de la viande pour toujours. Alors que penser et que faire ?
Vous avez déjà pris votre décision et exclu la viande de votre assiette ? Alors vous devez veiller à avoir un apport en protéines suffisant via d’autres sources, animales comme végétales (poisson, œufs, produits laitiers, légumineuses, noix, graines, céréales) idéalement 50/50 protéines animales/végétales. Vous pouvez également faire un bilan sanguin de temps en temps, surtout si vous êtes végétalien, pour vous assurer que vous avez tout ce qu’il vous faut pour vous maintenir en bonne santé.
Si vous souhaitez continuer à consommer de la viande, mais de manière plus respectueuse, alors le projet C’Durable financé par le ministère de l’écologie et de l’environnement dans le cadre de la relocalisation de notre alimentation, doit retenir toute votre attention. Il s’agit d’un score de durabilité qui tient compte de 3 facteurs : la biodiversité (maillage et infrastructures écologiques entre autre), le climat dont les fameuses émissions à effet de serre et enfin le bien-être animal. Toute exploitation peut faire appel à cette évaluation gratuite, basée sur des outils scientifiques pointus reconnus et ainsi faire évoluer ses pratiques pour un mieux et partager ses résultats en toute transparence. Pour l’instant le score C’Durable est proposé aux élevages bovins mais s’étend en 2024 aux ovins. « L’industrie agroalimentaire et la société en générale ont tendance à se focaliser sur l’empreinte carbone, mais c’est très réducteur » nous confie Maxime Beurrier chargé du projet C’durable. « Communiquer seulement sur le bilan carbone c’est occulter la multitude des enjeux de la transition et risquer de favoriser l’agriculture intensive ». En d’autres termes, si on rapporte un bilan carbone au nombre de litres ou de kilos de produit (ce que propose les agro-industriels) les systèmes intensifs semblent avantagés du fait des grands volumes produits. Ils n’en sont pas moins impactant, voire destructeurs, sur d’autres critères (comme la pollution des eaux, la biodiversité, etc.). Il faut donc aller plus loin et c’est ce que propose le score C’durable.
Comme tout projet novateur, C’durable doit se faire mieux connaitre auprès des éleveurs comme des consommateurs. Mais vous, en tant que consom’acteur, vous pouvez déjà faire preuve de sens critique et vous baser sur quelques critères pertinents comme faire vos achats à la ferme et privilégier celles qui nourrissent beaucoup à l’herbe (certaines y arrivent presque à 100%), élevant notamment des races rustiques et bien adaptées à ce contexte (comme la bleue mixte belge ou la limousine française). Observez ce qui se passe autour de vous quand vous visitez une ferme, le confort de vie de l’animal est quelque chose qui se voit, tout simplement. On souhaite donc longue vie au projet C’Durable qu’on espère voir de plus en plus présent dans nos rayons et nos fermes !
Site internet : Home – C’Durable ? (c-durable.be)
Conséquences de la maladie de la langue bleue :
Ils ont besoin de notre soutien ! Les éleveurs ovins (et bovins dans une moindre mesure) sont touchés par la maladie de la langue bleue. L’avenir est incertain pour eux : mortalité au troupeau, perte de lactation et infertilité, 2025 s’annonce difficile ! Ils réclament le soutien des pouvoirs publics, restons à l’écoute de la filière, ils auront sans doute besoin du soutien des consom’acteurs aussi !
*Source : Association Belge de Recherche et d’Expertise pour les Organisations de Consommateurs