La cantine de demain
Après les restos en juin dernier, la rentrée des classes offre l’occasion de se pencher sur la question des cantines scolaires. Aujourd’hui, on constate que la majorité des parents choisissent de ne pas compter sur la cantine des écoles. Je vous propose donc un petit éclairage sur les pratiques actuelles avant de vous parler du projet « Cantines durables » qui veut remettre la qualité alimentaire au cœur des cantines.
Le temps de midi étant considéré comme du temps « en dehors des activités scolaires », l’école n’a pas d’obligation de proposer un service de cantine dont elle est responsable. Ainsi bon nombre d’écoles, primaires ou secondaires, sont tout simplement dépourvues de locaux adéquats, de personnel qualifié ou d’équipements qui puissent permettre de préparer des repas qualitatifs et de les servir dans un cadre approprié (réfectoire). Quand il y a une cantine, cette tâche complexe et chronophage est donc très souvent confiée à l’industrie, à savoir des énormes cuisines centralisées approvisionnées par un marché de grossistes à l’échelon mondial dont l’objectif premier est le profit et pas vraiment la santé de nos enfants. Le personnel dans les écoles se voit donc surtout confier la tâche d’ouvrir des sachets et de réchauffer. Les métiers dédiés à l’alimentation en milieu scolaire se sont donc perdus et ce moment convivial et essentiel qui implique de prendre le temps de faire un vrai repas assis autour d’une table, aussi.
Tout espoir n’est pourtant pas perdu. Le Collectif Développement Cantines Durables (CDCD) s’est développé à partir de l’expérience de l’asbl Influences-végétales active en alimentation durable dans les écoles depuis 2013. Depuis janvier 2019, 8 associations y travaillent avec la même méthode, en suivant 3 axes : mettre en place une alimentation pleine de vie (bio ou équivalente), la plus locale possible et avec plus de végétal. Plus de 100 écoles participent à ce jour au projet et la demande est croissante. « Notre priorité c’est de mettre en place une expérience gustative positive pour donner envie aux enfants et aux jeunes de se nourrir « durablement », pour leur santé et celle de la Terre…» nous confie Sylvie Deschampheleire, coordinatrice du collectif. « Avec les 3€50 dédiés aux repas, nous savons mettre en place une alimentation « biolocale » respectueuse de ces enjeux » poursuit Sylvie, même si elle reconnait que l’approvisionnement auprès des maraichers biolocaux est encore un défi, l’offre adaptée aux collectivité commençant seulement à émerger. « Pour que cela fonctionne dans les écoles, il faut maitriser toute la chaine et qu’au moins 30% des parents-enfants jouent le jeu » précise Sylvie. Les écoles qui ne disposent pas d’infrastructures peuvent aussi profiter d’un encadrement adapté avec l’opération « potage-collation » ou des conseils sur la réalisation d’une offre accessible de sandwiches sains.
En conclusion, à budget égal, une école peut tout à fait décider d’offrir une alimentation durable à ses élèves. En faisant ce choix, elle leur offre également l’occasion d’apprendre et de partager autour de l’alimentation, à un âge où les bonnes pratiques laissent une trace pour la vie.