Les légumineuses belges seront-elles nos protéines végétales de demain ?
Nous savons aujourd’hui que pour des raisons de santé et de préservation de la planète, nous devons consommer moins de viande (maximum 500g par semaine selon l’OMS). De même, pour préserver nos océans, la consommation de poisson doit être restreinte. Nous devons donc plus que jamais nous tourner vers d’autres sources de protéines animales comme les œufs ou encore les produits laitiers en association avec des protéines végétales (graines, noix, céréales et légumineuses). Ainsi, associer les légumineuses (lentilles, pois-chiches, haricots, etc.) aux céréales nous apporte les 8 acides aminés essentiels qu’on retrouve dans les produits animaux. Il est recommandé d’en consommer 30g par jour pour leur richesse en fibres (santé intestinale) et leur indice glycémique bas après cuisson. Bon marché, elles seront trempées au préalable pour se débarrasser des composantes anti-nutritionnelles (acide phytique, tannins) et on peut même les faire germer pour booster leur contenu nutritionnel et les rendre encore plus digestes.
Seulement voilà, historiquement et aussi pour des raisons climatiques, les légumineuses c’est pas quelque chose qui pousse chez nous en dehors des petit-pois qui ne sont pas très riches en protéines. Cependant, la situation évolue avec le réchauffement climatique et on trouve de plus en plus de producteurs belges de lentilles (vertes, corail, beluga, blondes et brunes). En outre, avec la guerre en Ukraine et la hausse du prix des transports, notre production nationale pourrait bien à terme devenir beaucoup plus compétitive et assurer notre diversité alimentaire, quand on sait que certaines lentilles sont produites en Europe mais nettoyées ou décortiquées en Turquie.
C’est le pari de Graine de curieux, une coopérative belge qui est née de la volonté de ne plus « subir » le marché en internalisant la chaine de production tout en garantissant un prix juste aux agriculteurs locaux. Sa fondatrice, Isabelle Coupienne nous confie : « la plus grosse difficulté c’est les marges, tout faire en Belgique reste un gros défi quand on veut bien payer toute le monde, si je dois faire sous-traiter la moindre petite chose, je suis perdante et c’est quelque chose que le consommateur final ne perçoit pas toujours ». Graines de curieux a débuté avec le quinoa en 2016, une culture également atypique pour nos régions. Isabelle investit constamment dans la recherche et multiplie les essais : « nous avions tenté les pois-chiches l’année dernière mais avec la mauvaise saison ce fut un échec, maintenant l’objectif c’est de mettre en place des cultures qui puissent pousser ici, être bénéfiques sur le plan nutritionnel et bien se vendre ». Le lupin, qui contient autant de protéines qu’un steak, pousse plutôt bien en Belgique me confie Isabelle « mais faute de demande, ce n’est pas une culture que nous pouvons mettre en avant ». Le lupin qu’on trouve en saumure ou sous forme de farine mérite donc plus que jamais qu’on s’intéresse à lui.
« Cette logique de souveraineté nationale peu d’ailleurs s’étendre à d’autres produits, comme on le voit avec les huiles (colza, cameline) ou encore les céréales (avoine, petit-épeautre) » conclut Isabelle. A nous consommateur d’encourager les initiatives qui demain seront peut-être au cœur de notre alimentation.